Tenter de voir loin, Rester au plus près du sujet : la question de la formation des journalistes professionnels.
Tenter de regarder le plus loin possible : imaginer une pédagogie pour un métier qui ne cesse d’évoluer dans la forme. Tel est l’enjeu de la troisième Conférence Nationale des métiers du journalisme qui se tient au Grand palais à Paris les 27 et 28 septembre 2012. Et qu’il nous soit permis ici de remercier Jean-Paul Cluzel, Président de la Réunion des musées nationaux et du Grand palais, de nous faire confiance et d’accueillir pour la deuxième fois notre rendez-vous annuel.
Les deux dossiers ouverts en 2010 arrivent à leur terme. Sur le référentiel commun, de réelles avancées ont été réalisées. Ce n’était pas chose aisée que d’embrasser sans a priori un dossier pourtant nécessaire mais complexe et sans doute pour cette raison mis entre parenthèses, celui qui consistait à rapprocher le plus honnêtement possible les points de vue de la profession et ceux de l’Enseignement supérieur. Et pourtant sans ce travail préalable, impossible de se donner les moyens de tenter de mettre un peu d’ordre et de rigueur dans cette jungle qu’est l’offre de formation des journalistes. Aujourd’hui, le paysage s’éclaircit de façon à permettre aux impétrants, aux employeurs, aux familles qui financent des cursus parfois très onéreux, d’y voir plus clair. Lors de notre Conférence annuelle de fin septembre seront présentés les résultats d’un travail de fond, dirigé par Edith Rémond, et les quelques désaccords marginaux qui perdurent.
Le « Passeport professionnel », sorte de viatique commun à tous les journalistes qu’ils aient accompli ou non un cursus dans un centre reconnu par la profession, était jusqu’à il y a peu, un serpent de mer, mille fois annoncé, toujours reporté. Après deux années d’un travail acharné, le passeport est en place. La CPNEJ valide, au fur et à mesure qu’ils lui parviennent, les programmes élaborés par les écoles et une première expérience de formation est en cours. 2012-2013 sera l’année de l’expérimentation grandeur nature. Les premiers journalistes titulaires de ce « permis de conduire professionnel » seront présents dans les rédactions. A la profession alors de juger de la pertinence de cet outil pédagogique qui vise à ce que tout journaliste dispose d’un bagage sérieux sur le plan de l’éthique professionnelle.
L’ouverture de la profession à tous les milieux a été le nouveau thème de travail de l’année 2011-2012. Depuis près de dix ans maintenant beaucoup a été fait par les écoles reconnues et par un grand nombre d’éditeurs qui ont inséré la préoccupation de la diversité dans leur stratégie de recrutement. Pour autant, beaucoup reste à faire.
Cependant ces politiques n’ont jamais été mesurées. C’est pourquoi, la CNMJ a commandé une enquête, qui sera rendue publique à l’occasion de la Conférence de septembre, afin de mieux comprendre l’efficience des efforts mis en œuvre par les écoles, chacune, en fonction de son histoire et de sa culture, ayant choisi des orientations différentes. Débattre de cette question pour la CNMJ est une évidence tant nous sommes persuadés que diversité et altérité sont au cœur du métier de journaliste.
La CNMJ est une structure d’aide à la réflexion et de proposition. En aucun cas la Conférence des métiers du journalisme ne peut jouer le rôle essentiel qui revient aux écoles, aux instances représentatives de la profession et aux pouvoirs publics, mais à tout moment, elle peut s’emparer d’un sujet, le décortiquer, analyser sa faisabilité et rendre des conclusions qui seront prises en charge par ceux qui ont la capacité de décision.
Votre participation à toutes et à tous, spécialistes de l’enseignement et de la formation, professionnels du journalisme, éditeurs est le gage de notre utilité et le plus sûr moyen de ne pas tourner en rond. Vous avez beaucoup apporté ces deux dernières années, nous vous espérons fidèles cette année encore afin de pouvoir regarder le métier et ses innovations pédagogiques à long terme et loin des inquiétudes quotidiennes.
Patrick Pépin,
Président de la CNMJ